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Une panique glaciale lui paralysait les membres, courant dans les moindres cellules de son être, l’estomac en boule, la chair de poule.
La peur. Sournoise, elle éteignait tous les panneaux luminaires de sa conscience, lui coupait le souffle, la laissait haletante, comme au bout d’un parcours de course. En transe, elle ne pouvait penser à rien, le front perlant de sueur, le coeur battant à tout rompre. Elle ne savait pas si elle devait en rire ou en pleurer. Car d’aucuns auraient trouvé la raison de son anxiété puérile, voire ridicule. Mais le corps a parfois des réactions incontrôlables. Il se déchaîne ce corps, quand l’angoisse le démène.
La peur d’oublier, un jour. Oublier des moments indéfinissables, qui devraient pourtant demeurer impérissables. Des moments au bruit si étourdissant, que seul le silence aurait pu décrire.
L’ angoisse de réaliser que les détails commencent à s’échapper, que les paroles manquent aux phrases, que la musique perd ses notes, que le souvenir des gestes devient flou, que les parfums flétrissent telles les fleurs qui les ont enfantés. Que les sensations qui ont bouleversé la peau et le cerveau pourraient se muer en une émotion lointaine. Et qu’un jour la mémoire aura fané, emportant dans son sillage les feux d’artifice qui auront enflammé tout un univers, brûlé la chair et déchaîné des tempêtes intérieures.
L’ angoisse de se voir usurpée du passé par la mémoire affaiblie, comme on dénude un corps en pleine rue.
Cette terrible angoisse la clouait sur place, la rendait muette. Mais comme elle avait pris l’habitude de l’apprivoiser, elle la prenait par la main et la dissimulait dans les abysses de son subconscient.
Les passants ne voyaient qu’un sourire éclatant. F. K.