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Et puis il y a ces matins de mars engorgés de lumière quand vous vous réveillez avec le désir lancinant de faire le grand ménage du printemps. C’est drôle cette sensation qui vous submerge soudain, telle une tempête qui fait rage en profondeur, de vouloir nettoyer votre vie de fond en comble, désinfecter votre espace extérieur, dépoussiérer votre jardin secret et lancer par-dessus bord tout ce qui vous enchaîne, tout ce qui pèse sur vos ailes et empêche votre envol.
Il y a ces aurores boréales quand vous décidez de braquer les projecteurs sur les zones d’ombre que vous vous êtes refusés à explorer par peur de voir trop clair autour de vous, et de gâcher le tableau que vous repeignez souvent en doré. A commencer par les gens qui retiennent votre élan, qui vous tirent vers le bas, ces amitiés étranges qui ne ménagent pas vos sentiments mais cherchent là où le bât blesse pour y enfoncer le clou. Vous décidez de redonner parole à la petite voix en vous qui vous guide vers ceux dont le sourire vous éclaire, ceux que vous ne connaissez peut-être pas profondément mais qui vous accordent leur temps, vous mettent tellement à l’aise que vous sentez que vous pouvez vous livrer sans masque, mettre votre cœur à nu sans crainte. Des êtres authentiques qui savent écouter avec empathie, sans tricher, qui savent lire entre les lignes de vos émotions, qui vous secouent pour sortir de l’immobilisme et redonner vie à vos rêves partis aux oubliettes, ils sont de nos jours si rares que vous ne voulez point les laisser filer.
Il y a ces tournants fatidiques où l’envie de remettre les pendules à l’heure vous taraude, et vous exhorte à entreprendre de grands travaux de retapage pour que le quotidien ne soit pas insipide et ne perde toute sa saveur, pour que le rassurant ne gangrène pas le passionnant. Quand vous prenez conscience que le temps est compté, que vous n’avez qu’une seule vie, et que cette vie, c’est vous qui la faites. Une vie que vous voulez vivre à fond, et ne pas regretter un jour de n’avoir pas eu le courage d’y incorporer vos rêves et vos désirs, d’avoir troqué l’exquis contre l’acquis, d’avoir trahi l’enfant en vous. De n’avoir pas été au seul endroit qui importait : le présent. F. K.