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Là-haut le silence règne. Un air glacial me brûle la peau, viole mes pores pour s’engouffrer dans mes veines. J’ai les larmes aux yeux à force de repousser les rafales de vent qui essaient de forcer mes pupilles. Mais à vrai dire, je m’en fiche complètement. Sur le toit désert à cette heure tardive, je savoure la quiétude de la nuit. La ville est à mes pieds. Littéralement. Assoupie après une longue journée bruyante, sans cesse ballottée entre les embouteillages infernaux, la course effrénée aux business deals et les apéros des happy hours.
J’écoute son silence. Il m’apaise. Je la regarde, mi-lumineuse mi-sombre. Tantôt elle se tient droite, fière de ses tours scintillantes qui brillent de mille feux dans le ciel de jais, tantôt elle se dissimule dans l’immensité de ses coins obscurs. Et elle en a pas mal. Elle les éteint pour mieux s’y recroqueviller, loin des regards inquisiteurs. Mais du haut de mon lieu d’inspection, ce sont ces espaces noirs qui aiguisent ma curiosité. Je suis intriguée par les secrets qu’ils recèlent et que ma cité protège jalousement, par peur de la démasquer. De trahir sa vulnérabilité qu’elle masque si bien en plein jour dans la frénésie urbaine. Et c’est pourquoi je l’aime. Elle me comprend.
Le vent se fait plus violent, mes dents claquent. Je ferai mieux de rentrer m’assoupir aussi, au chaud. F.K.