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« Tu peux tuer toutes les hirondelles, tu n’empêcheras pas le printemps de revenir »
A l’heure où le Covid-19 s’infiltre dans nos sociétés, dangereux et sournois, chacun s’enferme chez soi pour protéger sa petite famille ainsi que sa société. Pourtant, face à cette pandémie, ennemi commun, transfrontalier, qui sème tant l’effroi que l’égalité (en ne distinguant ni race, ni nationalité, ni statut financier, ni classe sociale), il existe une arme incomparable spécifique à la société libanaise: la solidarité. Et tant que le monde entier n’a encore trouvé ni remède ni vaccin pour combattre cette machine virulente quoique microscopique, la seule panacée demeure l’immunité du corps humain.
Toutes les recherches scientifiques et médicales ont prouvé au fil de l’histoire que l’immunité repose avant tout sur le moral. Si les superpuissances mondiales possèdent les fonds et les capacités médicales et humaines pour mieux faire face aux conséquences, parfois létales, de cette pandémie, le peuple libanais doit puiser sa force dans les valeurs qui le distinguent et qui ont toujours fait sa force, à savoir la compassion, l’entraide et l’espoir, envers et contre tout. Tels sont les ingrédients de l’immunité. De l’humanité.
Nous vivons au sein d’une petite société où tout le monde se connait, au sein d’une grande famille. Contrairement aux communautés occidentales qui prônent « le chacun pour soi », la plupart des nos seniors vivent avec nous, dans nos demeures. Ils sont entourés, encadrés et aimés. Si un prochain est dans le besoin, souffre d’une maladie ou est confronté à des obstacles, il trouve toujours quelqu’un disposé à lui prêter main-forte ou à se sacrifier pour lui. Notre population a vécu les atrocités de la guerre, les affres du deuil, l’ennui dans les abris, la peur sur les chemins. Elle a fait face aux pires dangers, mais a tenu bon. C’est une population résiliente, qui respire la vie, qui danse dès que les canons se taisent, qui fait des parties de carte ou de scrabble à la lueur des bougies, qui parvient à répandre l’humour quand le désespoir s’empare des cœurs. D’aucuns diraient que c’est la politique de l’autruche et du déni. Sans doute. Je dirais plutôt que c’est la politique de la survie.
Pour survivre, il suffit de savoir que nous sommes et serons l’un pour l’autre, bien que chacun chez soi. Oui, ce virus fauchera des vies. Oui, il causera des pertes à tous les niveaux. Mais la vie continuera. Certes, au prix de sacrifices et d’efforts de la part de tous, sans exception aucune. Soyons vigilants sans pour autant être défaitistes. Faisons de ce confinement forcé une occasion pour nous retrouver après que l’ère digitale nous a disséminés, pour refaire le point sur nos vies, pour retrouver nos passions, repenser à la famille, à l’amour, à l’amitié, et pour revaloriser le prix inestimable du moment présent: carpe diem.
Et pour comprendre enfin qu’en dépit de tous les malheurs qui n’ont pas cessé de pleuvoir sur nos têtes, nous avons la chance d’être une société solidaire, de vivre parmi nos bien-aimés, dans la chaleur réconfortante de nos parents et grands-parents, auprès de nos amis et nos voisins. Telle est notre immunité. Telle est notre arme. F.K.