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Entre l’automne et moi, une histoire d’amour qui remonte à longtemps. A mon enfance quand ma mère nous emmenait, mes sœurs et moi, ramasser des escargots dès le premier matin de pluie, quand nos bottes s’enfonçaient dans la terre boueuse, et que nos rires brisaient le silence auroral.
Rêveuse dès mon plus jeune âge, mon imagination transformait la lanterne que ma mère portait en des lucioles qui virevoltaient dans l’air frais -charriant le parfum du sol engorgé de pluie-, et illuminaient notre chemin dans les champs d’amandiers de notre village.
Les feuilles mortes de l’été indien, la vague de plaisir que leur crissement sous mes pas me procurait, la magie du crépuscule où les nuages cotonneux s’amoncelaient dans une explosion de couleurs sauvages, ont toujours été ma source d’inspiration; la muse qui guidait ma plume alors que je découvrais ma première passion, l’écriture, mes doigts tremblant d’excitation en rédigeant mes premiers textes, creuset de pensées et d’émotions, tabernacle de secrets et d’impressions.
Ou peut-être retrouvais-je dans cette saison fauve une partie dissimulée de mon être, la femme-enfant, tantôt romantique à l’eau de rose, tantôt passionnément charnelle, qui apprenait l’art de ramasser les souvenirs à la pelle pour pouvoir mieux s’en détacher quand les moments de bonheur menaçaient de s’envoler, ou l’art de s’adapter aux changements brusques de la nature, de la vie, à l’heure où l’hiver osait pointer son nez et que le vent du nord soufflait sur ma destinée.
Entre l’automne et moi, une histoire d’amour préservée du temps ; des aléas de la vie d’ici-bas qui file vite entre mes doigts. Une vie éphémère faite d’instants fugaces, mais que j’aime tout simplement, malgré sa violence, malgré son inconstance, parce que la femme en moi s’accroche à son intensité incomparable, et que l’enfant en moi croit encore, et toujours, à ses miracles inexplicables. F. K.