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Dans L’Orient-Le Jour/OLJ par Fida Khalifé, le 21 septembre 2020 à 00h00
Je ne veux plus mourir à petit feu pour finir enterrée vivante.
Je ne veux plus me réveiller chaque matin dans l’espoir de survivre à la journée.
Je ne veux plus me sentir barricadée entre les murs d’un camp de concentration.
Je ne veux plus gaspiller mon énergie sur des soucis qui devraient être acquis.
Je ne veux plus cette insomnie qui taraude mon sommeil en pensant à l’avenir de mes enfants.
Je ne veux plus faire semblant de vivre dans cette antichambre de la mort.
Je ne veux plus ressusciter cette fameuse résilience du Phénix à chaque coucher de soleil.
Je ne veux plus me sentir usée, abusée, et désabusée sur cette terre que mon cœur s’obstine à aimer.
Je ne veux plus ces images de guerre, de destruction et de sang qui me pourchassent depuis ma naissance.
Je ne veux plus sacrifier mon labeur, ma sueur et mon talent pour une patrie qui détruit mon élan.
Je ne veux plus me sentir à la merci de forces étrangères ou l’otage de guerres fratricides dans un Liban qui devrait m’appartenir. Un Liban qui devrait me soutenir, me faire planer, les ailes déployées, l’esprit libre, les racines conservées.
Je ne veux plus me sentir orpheline dans une patrie que je supplie de m’adopter.
Une patrie est faite d’une terre et d’un peuple, de rêves et d’espoir. C’est une histoire d’amour partagée. Arrêtez de nous fragmenter. Arrêtez de nous asphyxier. Arrêtez de nous massacrer.
Moi je veux vivre. Mais la tête haute, la dignité intacte.