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On passe des années en côtoyant des âmes, croyant les connaître…sans vraiment les connaître.
C’est vers toi que j’ai accouru quand j’ai perdu mon foyer, quand les murs de ma ville Beyrouth se sont écroulés sur mes souvenirs, en ce 4 août fatidique. Sur mes rêves.
J’ai passé ma période de convalescence émotionnelle en ta compagnie. Tu m’as accueillie à bras ouverts, tu as pansé mes plaies, soufflant délicatement sur mes blessures. Sur tes trottoirs, je me suis assise et j’ai pleuré. Tu m’as prise dans tes bras, tendrement, et tu as embrassé mes larmes. Tu m’as aidée à me relever, à retrouver le sourire. Tes matins engorgés de lumière me galvanisaient. J’avais hâte de me réveiller pour courir sur tes sentiers fleuris, entre tes demeures ancestrales aux arcades romantiques, ou méditer sous ton ciel azur, mes narines embaumant ta flore aurorale.
On se connaissait depuis plusieurs années, on vivait même ensemble durant les étés. Sans vraiment se connaître. Cet été-là, tout était différent. Cet été, tu as découvert en moi ce que beaucoup ignoraient aveuglément. Et j’ai vu en toi ce que mon appartenance à d’autres villes voilait jalousement.
Cet été, nos âmes se sont enlacées. Nous nous sommes retrouvés.
Ajaltoun, merci de m’avoir adoptée.
Beyrouth, c’est ta toute dernière chance.
Ne me perds plus.
Apprends-moi à rester.
Je t’apprendrai à voler.
Car l’amour se conjugue à l’imparfait.
F.K.